Nourri aux danses traditionnelles du Maghreb et à la musique arabo-andalouse, le chorégraphe berruyer Filipe Lourenço poursuit son travail sur la mémoire du corps. Il exhume par la gestuelle, les rythmes et les rites qui l’ont construit en tant qu’artiste.
Entamée avec le solo Pulse(s), Gouâl constitue une nouvelle étape dans sa réflexion chorégraphique. Toujours soucieux de raviver les danses traditionnelles, sans les cantonner à leurs seules dimensions folkloriques, Filipe Lorenço privilégie le dialogue avec une écriture contemporaine. Pour Gouâl, il s’empare de l’alaoui, danse guerrière réservée aux hommes, pratiquée du nord du Maroc jusqu’à l’ouest algérien, et en restitue l’intensité originelle, tout en l’ouvrant à la mixité. Trois femmes, trois hommes, en solo, en duo, en trio racontent tour à tour leurs exploits guerriers. À chaque récit, un leader différent mène la danse, où scènes de combat et décompte des ennemis anéantis se succèdent avec une précision de métronome. La musique, quant à elle, est omniprésente, interprétée en direct par les danseurs qui chantent, crient et frappent le sol. Les sons et la danse se répondent dans une alchimie rare.
Tels une tribu guerrière, les corps racontent l’histoire de cet alaoui revisité et libèrent les gestes appris, sublimant ainsi la mémoire ancestrale.