Faut-il encore présenter Israel Galván, star internationale du flamenco ? Oui, car le danseur et chorégraphe sévillan surprend toujours. Il dynamite les codes traditionnels du flamenco et invente son propre art. Chaque nouvelle création est pour lui un défi, une prise de risque.
Avec ce nouveau projet, Israel Galván se mesure pour la première fois à un fleuron du répertoire ibérique, L’Amour sorcier (El Amor brujo) de Manuel de Falla. Il relate les amours contrariées de Carmelo et de Candela, gitane mal mariée, bientôt veuve, puis hantée par le spectre de son mari jaloux. Grâce à la magie, elle poussera ce dernier dans les bras d’une autre. Une œuvre maintes fois dansée, chantée, filmée et dont les nombreuses versions ont contribué à véhiculer une image vieillotte de la danse folklorique espagnole qu’Israel Galván entend dépoussiérer. En s’emparant de cette pièce classique, très traditionnelle, il s’emploie à la dépouiller de tous ses oripeaux afin de faire ressortir son magnétisme. Fidèle à sa démarche, il chorégraphie un solo, sans orchestration, se concentrant sur les vibrations des cordes du piano d’Alejandro Rojas-Marcos et la voix rocailleuse du chanteur David Lagos, fidèles complices de bon nombre de ses aventures artistiques. Israel Galván retrouve la force et la violence originelles de L’Amour sorcier en nous donnant à voir son essence même.
Dans ces mouvements mécaniques et répétitifs, pas très humains, il y a la teinte sombre, plus que tragique, que Galván a donné à son Amor Brujo.
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L’une des œuvres les plus internationales de la musique espagnole, Amor Brujo de Manuel de Falla.
Diario de Jerez, Fran Pereira, 03-2019